NICOLAS PAVILLON

15/09/2007

Procès de Nicolas Pavillon


Nicolas pavillon

Qui mieux qu’Etienne Dejean, historien et directeur des archives nationales, pouvait résumer l’ouvrage de référence qu’il consacra en 1909 à Nicolas Pavillon, évêque d’Alet ? L’extrait proposé ci-dessous est tiré d’une étude intitulée Un coin du Midi de la France au XVIIè siècle - Le diocèse d'Alet sous l'épiscopat de Nicolas Pavillon (1639 - 1677) parue en 1909 dans le tome XLIL de la Revue des deux mondes. Il retrace dans ses grandes lignes, mais sans qu’il ne soit dénuées d’aucun détail, les procès qui lui furent intentés par les gentilshommes, chanoines, prêtres et réguliers du diocèse d’Alet. Au delà des faits décrits, ce compendium aide à la compréhension d’un siècle, le dix-septième, d’un pays, le diocèse d’Alet et d’un personnage hors du commun, Nicolas Pavillon, évêque du lieu.

Ce fut en 1663, vingt-quatre ans par conséquent après l’arrivée de Pavillon dans le diocèse d’Alet, que commencèrent ces différends singuliers. Chanoines peu zélés, mauvais prêtres, réguliers mendians et quêteurs, gentilshommes prévaricateurs et débauchés, jeunes gens plus amis de la danse que de la piété, se liguèrent en ce moment contre l’évêque et formèrent contre lui un syndicat dans toutes les règles. Deux chanoines mondains, M. Ribes et M. de l’Estang, celui-ci doyen du chapitre d’Alet, et fils d’un conseiller de Grand Chambre au Parlement de Toulouse, jaloux l’un et l’autre de leurs privilèges et plus attachés à leur titre qu’à leurs fonctions, furent l’âme du complot. L’origine de la querelle fut dans l’emprisonnement ordonné par le viguier d’Alet d’un valet de M. de l’Estang qui, blâmé pour avoir « sollicité plusieurs femmes et filles et leur avoir tenu des discours infâmes et mêmes impies, avait menacé de tuer M. Ragot, chanoine, secrétaire de M. d’Alet. ». Censurés par l’évêque pour avoir pris la défense du valet, nos deux chanoines résolurent de se venger. Fort de ses alliances dans la province et de la situation de son père au Parlement de Toulouse, M. de l’Estang ne se contenta pas d’envoyer à Pavillon toute une série d’assignations, il essaya encore d’ameuter contre lui la population du bourg épiscopal, s’introduisant de force dans le chœur de l’église cathédrale, dont il avait été momentanément exclu, faisant dans le village, en compagnie de son père et d’une troupe d’hommes armés, des chevauchées arrogantes et séditieuses, ourdissant enfin contre l’évêque, impassible et serein dans toute cette levée du lutrin et de la chicane, le plus ingénieux des complots.
Les mauvais prêtres du diocèse, et plus encore les moines : jacobins de Quillan, augustins de Caudiez, capucins de Limoux et de Chalabre, étaient pour M. de l’Estang des alliés naturels. Les premiers ne pouvaient pardonner à M. d’Alet ses représentations et ses justes rigueurs. C’était, par exemple, le curé de Bézu, le sieur Areen, qui vivait scandaleusement avec une de ses paroissiennes, dont il avait chassé le mari, et que l’évêque avait condamné à une pénitence de deux ans dans un monastère. C’était le vicaire de Roux, incestueux et larron ; c’était le curé de Quillan qui, obligé d’entretenir des vicaires pour le service des trois annexes de sa paroisse, préférait prendre pour lui tout seul les fruits de sa cure, et laissait, pour mieux s’en débarrasser, mourir ses trois vicaires de faim ; c’était enfin tous leurs pareils du clergé séculier. Les autres, les moines, étaient encore plus acharnés ; car ils haïssaient l’évêque de toute l’ardeur de leur avidité mendiante et de leur religion intéressée. Pavillon ne s’était-il pas avisé, après bien des années de patience et de longanimité, de leur interdire de prêcher et de confesser dans le diocèse, parce que leurs confessions étaient de pure forme et leurs sermons des déclarations furibondes contre les séculiers trop austères et trop zélés ? Ne s’était-il pas surtout avisé d’interdire aux capucins de Limoux et de Chalabre de quêter dans le diocèse d’Alet parce que, comme leurs frères, les réguliers de Caudiez et de Quillan, ils ne voyaient dans la religion qu’un scandaleux trafic, et dans leur habit monastique qu’un moyen de battre monnaie ?
Mais à ces haines de prêtres et de moines M. de l’Estang, esprit exalté, vaniteux et cependant habile, sut joindre les rancunes qui s’étaient depuis longtemps amassées dans les cœurs féroces des hobereaux du diocèse, gênés dans leur brutalité par le zèle chrétien de l’évêque. Pénétré en effet dans sa fierté épiscopale des principes de l’égalité évangélique, Pavillon pensait et disait volontiers que « ce n’était ni le rang, ni la naissance, mais la vertu et la régularité des mœurs qui discernait les chrétiens, et qu’un gentilhomme devait être soumis aux règles de l’Eglise, comme le dernier de ses vassaux. » Or c’étaient là des sentimens que ne pouvait accepter aisément cette féodalité rurale, orgueilleuse, et tout ensemble débauchée, cupide et pillarde. Voyez en effet à l’œuvre les principaux de ses représentans.
M. de Rasiguières est seigneur de quatre villages. Il ne se contente pas de mettre à mal les femmes et les filles de sa seigneurie ; il bat ou fait battre les pères et les maris récalcitrans. Averti charitablement pendant douze ans, il ne s’amende pas ; frappé enfin d’excommunication, il se prévaut d’un arrêté du Parlement de Toulouse, incompétent en ces matières, pour se faire absoudre de tous ses péchés par le grand vicaire de Toulouse, et insulte publiquement son évêque. M. de Sourmia est un concussionnaire qui, pendant toute la durée des guerres sur la frontière catalane, a prélevé de force, sur tous les marchands à la suite des armées, des droits de péage illégitimes, comme un féodal du XIème siècle. M. de Nebias a gardé pour lui les indemnités accordées à ses vassaux pour les dédommager des violences et des déprédations des gens de guerre. M. de Coustaussa ne refuse pas seulement de payer au Roi la taille de ses terres roturières, mais il s’empare des forêts du domaine public, et jette dans un cachot le lieutenant royal du grand maître des eaux et forêts, envoyé pour lui faire rendre gorge. M. de Rennes fait l’usure et ruine ainsi les uns après les autres tous ses paysans, refuse le passage sur ses terres aux gens du Roi. M. d’Escouloubre s’empare des biens du chapitre de Saint-Paul et des dîmes du chapitre de Narbonne. M. d’Axat tient un jour assiégé dans une maison de Saint-Paul l’évêque d’Alet et sa suite, parce qu’un chanoine de ses amis, qui mène une vie scandaleuse, a été interné dans sa chambre par son supérieur ecclésiastique. M. du Viala de Coumesourde est un usurier, comme M. de Rennes, et, comme il a en plus des scrupules religieux, il somme chaque année, à Pâques, accompagné d’un notaire et de deux témoins, le curé de sa paroisse d’avoir à lui donner l’absolution.
Voilà le syndicat formé. Il existait déjà virtuellement dans les passions, les désordres, les iniquités de ces bandits. M. de l’Estang sut lui donner une forme, et faire un corps de toutes ces avidités et de tous ces égoïsmes. Il sut même donner à l’association une couleur de pastorale, et un jeune paysan, le sieur Alexandre Bernard, qui aimait à danser, comme on faisait du temps de M. de Polverel, organisa un soi-disant syndicat de la jeunesse dont les réclamations vinrent se joindre à celles des moines et des gentillâtres.
Le Parlement de Toulouse semblait être pour toutes ces rancunes un juge commode. M. de l’Estang n’y avait-il pas de nombreuses alliances et M. de Rasiguières des parens ? Au surplus, les magistrats de la Cour suprême du Languedoc pouvaient-ils être bien disposés pour un évêque qui, en ce moment même, donnait du souci aux magistrats et au Roi à propos de l’affaire du formulaire, et commençait à être connu comme un indépendant ? C’était pour le Parlement de Toulouse une occasion de rendre des services en même temps que des arrêts, et il ne pouvait la laisser passer. Par un arrêt du 22 septembre 1663, sur la requête de MM. Rives et de l’Estang, il déclare exclus du droit de suffrage dans le chapitre d’Alet MM. Ragot et Hardy, sous prétexte que l’un demeure à l’évêché, l’autre au séminaire, de façon à assurer aux deux chanoines révoltés la majorité contre l’évêque dans le chapitre indécis et intimidé. Le 26 novembre 1663, sur la requête présentée par la noblesse du diocèse d’Alet, - l’acte constitutif du syndicat est du 27 juillet 1663, - requête pleine de passion et d’exagérations ridicules où on lit, par exemple, que par suite de la rigueur de l’évêque « beaucoup de familles ont été obligées d’abandonner le diocèse et qu’on a vu des hommes qui se sont châtrés eux-mêmes et des femmes qui se sont pendues et des prêtres qui se sont empoisonnés, » il assigne à sa barre le promoteur de l’évêché M. Ragot, pour avoir à se justifier. Le 24 juillet 1664, sur la requête du procureur général, ne le verra-t-on pas encore, alors qu’il a été depuis longtemps dessaisi par ordre du Roi des procès de Pavillon avec ses ennemis, permettre aux jeunes gens du diocèse de danser les dimanches et jours de fête, et donner ainsi, non pas, comme on pourrait croire, une preuve de sa tolérance et de sa liberté d’esprit, mais en réalité de sa malveillance pour l’évêque ? Enfin le 28 février 1667, quelques mois après le jugement définitif de toutes les affaires par le Conseil du Roi, ne montrera-t-il pas encore sa partialité en permettant aux capucins de Roussillon, comme si ce n’avait pas été assez des capucins de Limoux et de Chalabre, de faire la quête dans le diocèse d’Alet ?
La partialité du Parlement de Toulouse était d’ailleurs si évidente, que la royauté, par esprit de justice et aussi par intelligence de ses propres intérêts, avait décidé dès les débuts que les affaires de l’évêque d’Alet avec le syndicat des mécontents seraient portées au Parlement de Grenoble. Mais là encore M. de l’Estang et ses associés devaient trouver des juges favorables et amis, et tout ceci nous ouvre un jour intéressant sur la conscience des magistrats du règne de Louis XIV. Mme de Bressac, sœur de M. Pourroy, président de la troisième chambre de ce Parlement et cousine germaine de M. Guillet, avocat général, avait en ce moment un procès de succession pendant au Parlement de Toulouse, et le conseiller de l’Estang, père de notre doyen, était juge dans ce litige. Aussi alla-t-elle, accompagnée de tous ses parens, solliciter de porte en porte les magistrats de Grenoble en faveur de M. de l’Estang pour être ensuite payée de reconnaissance à Toulouse et y gagner son propre procès. Le Parlement de Grenoble rétablit MM. de l’Estang et Rives dans leurs fonctions et dignités, et déclara un peu plus tard, par un décret du 5 septembre 1664, que l’arrêt du Parlement de Toulouse du 24 juillet de cette même année, relatif aux danses et à l’observation des dimanches, serait de plein droit exécutoire.
Ce fut alors que le Roi, par un arrêt du Conseil du 15 septembre 1665, évoqua le jugement des affaires multiples de l’évêque d’Alet avec les insoumis de son diocèse. Les réguliers, qui, selon leur tactique ordinaire, avaient, au mépris du Concordat, obtenu de la papauté un bref qui renvoyait la connaissance de leur différend avec Pavillon à l’évêque de Vabres, M. Habert, qui avait jugé conformément à leur désir, et, par esprit sans doute de charitable confraternité, leur avait permis de confesser, de prêcher et de quêter dans le diocèse d’Alet, furent obligés, eux aussi, de porter leur cause devant le Conseil. Avec un bon sens et une justice qui ne se démentirent point dans toute cette affaire, où la cause de Pavillon était d’ailleurs un peu la sienne : - la cause de l’ordre public autant que de l’ordre religieux : - la royauté commit pour l’examen et le jugement de ces divers procès une double série de commissaires spéciaux. La première série composée de M. Colbert, évêque de Luçon, des abbés Le Camus, Benjamin et Chéron, de MM. Le Nain, de Voyer d’Argenson, maître des requêtes, et Pinson, avocat au Parlement de Paris, fut chargée d’examiner le différend entre les chanoines et leur évêque. L’autre, composée de l’archevêque d’Arles (de Monteil de Grignan), des évêques de Chartres (Neufville de Villeroy), de Mende (Servoni), de Mâcon (Colbert de Saint-Pouauge) des abbés Le Camus et de Saint-Michel, de MM. de Vertamont et Boucherat, conseillers d’Etat, fut chargée de prononcer sur l’affaire des réguliers et des gentilshommes.
Convaincu que ces différends étaient avant tout de nature religieuse, qu’il n’avait en aucune façon excédé ses droits et que la juridiction ecclésiastique, telle qu’elle existait dans l’Eglise primitive, au temps où les évêques étaient, chacun sur son siège épiscopal, autant d’apôtres indépendans, ne relevant que d’eux-mêmes et de leurs pareils, pouvait seule connaître équitablement des causes religieuses, N. Pavillon n’aurait point voulu que le jugement de ces divers procès fût ainsi confié à des commissaires de l’ordre administratif et politique, même choisis en majorité comme avait fait la royauté, parmi les dignitaires de l'Eglise. Il eût souhaité la réunion d’un de ces conciles provinciaux, si fréquens au moyen âge et tombés à peu près en désuétude depuis le Concordat. Il se serait expliqué lui-même devant les évêques ses pairs, qui auraient prononcé ensuite en connaissance de cause. Pour lui, les vrais juges n’étaient pas à la Cour, mais sur les sièges épiscopaux de la province ecclésiastique de Narbonne. Les commissaires royaux décidèrent néanmoins selon l’équité. La chose était méritoire de leur part ; car les ennemis de l’évêque d’Alet avaient à la Cour un protecteur puissant dans la personne du confesseur du Roi, le Père Annat. Les jésuites n’aimaient pas N. Pavillon, depuis qu’en 1647 il s’était passé de leurs services ; si quelques-uns d’entre eux comme le Père Talon, à la suite du prince de Conti, devaient voir dans les luttes de Pavillon contre les gentilshommes de son diocèse le renouvellement des luttes de François de Sales contre les plus apparens du sien, le plus grand nombre considérait cet évêque comme un adversaire dangereux. Ce fut le Père Annat qui communiqua au Roi le Mémoire des plaintes des gentilshommes rédigé par les réguliers. Le Roi chargea le nouvel archevêque de Paris, M. de Péréfixe, de se renseigner là-dessus auprès de Pavillon. Celui-ci ayant répondu comme il convenait, nos syndiqués envoyèrent à Paris deux agens à demeure, et qui trouvèrent dans le Père Annat un porte-parole. Mais le Roi, éclairé par M. de Péréfixe, fit l’éloge de l’évêque d’Alet dans le Conseil de conscience. Cependant le Père Annat ne devait pas se décourager, et, jusqu'’ la fin, profitant de ce que l'évêque d'Alet était en désaccord avec la Cour à propos de la signature du formulaire, il ne cesse pas de se faire l’intermédiaire des prétendues victimes de la rigueur de N. Pavillon.
Il faut reconnaître, à la louange des commissaires royaux, qu’ils ne se laissaient pas influencer. Les deux commissions jugèrent avec autant de sagesse que de justice. La première, celle à qui avait été confié le soin de connaître du différend des chanoines avec leur évêque, donna raison dans les considérans de son jugement à la conduite de N. Pavillon, tout en mettant pour un bien de paix, ainsi que le demandait l’évêque lui-même, les deux parties hors de cour et de procès. La seconde, celle à qui avait été remis l’examen de l’affaire des réguliers et des gentilshommes, agit à peu près de même. Les danses publiques furent interdites les dimanches et jours de fête, et les danses dissolues en tout temps ; les gentilshommes furent obligés de se pourvoir « par-devant l’évêque pour obtenir absolution de leur excommunication ; » l’évêque et les curés furent déchargés des dépens portés contre eux par les arrêts du Parlement de Toulouse ; les moines du diocèse ne purent confesser et prêcher sans la permission de l’évêque, ni ceux des diocèses voisins faire la quête sans son autorisation. L’arrêt ordonnait à la vérité que les interdits ne seraient prononcés à l’avenir que pour des faits graves et scandaleux, et que les pénitences publiques ne seraient imposées « que pour de grands péchés publics ; » mais il ne faut voir là un blâme indirect contre la rigueur de l’évêque. C’était sur la déclaration expresse de Pavillon et de son promoteur, qu’ils avaient toujours agi pour les interdits et les pénitences publiques avec équité et modération. Sur les preuves qu’ils en avaient données, comme le spécifiaient à diverses reprises les dispositifs de l’arrêt du Conseil, le Roi approuva leur conduite dans le passé, et leur permit d’agir de même dans l’avenir. Enfin, après avoir, tout ainsi que dans l’affaire des chanoines, donné pleine raison à l’évêque, « pour entretenir une bonne correspondance et union dans le diocèse d’Alet, » il mit les parties hors de cour et de procès sans dommages ni dépens.
Le double jugement des commissaires royaux fut donc équitable. Pavillon, bien que contraire en vertu de ses principes à la juridiction administrative en matière ecclésiastique, était trop juste pour n’en point convenir, ainsi qu’en témoignent les lettres écrites par lui au chancelier Michel Le Tellier, au conseiller d’Etat Boucherat, et à l’abbé Le Camus. « Comme l’arrêt, disait-il à Le Tellier, ne contient que l’exécution des saints canons que j’ai toujours tâché de suivre, autant qu’il m’a été possible et que l’état présent de l’Eglise le peut permettre dans mon diocèse, il m’a été bien facile de m’y conformer. » Les gentilshommes comprirent si bien que le Roi et l’opinion publique les avaient condamnés, que les principaux d’entre eux, et les plus coupables, MM. de Rennes, de Rasiguières et de Nebias en particulier, se présentèrent à leur évêque, qui les reçut en grâce avec la douleur d’un père. Les réguliers seuls, escomptant la bonne volonté trop évidente du Parlement de Toulouse et la faiblesse trop probable du Roi, ne cessèrent d’ergoter ; mais le Roi leur aurait-il donné tort cent fois davantage qu’ils auraient tout de même chicané.
L’acharnement des moines contre un évêque indépendant n’a rien qui puisse surprendre. Mais l’hostilité des gentilshommes contre le même évêque, cette hostilité suivie d’un repentir sincère, ne peut s’expliquer uniquement par des raisons de l’ordre religieux. Sans doute ces féodaux qui ne reconnaissaient aucune autorité et ne craignaient que la force, ces gentilshommes sans « gentillesse » ont dû protester intérieurement de toute l’énergie de leurs vices quand ils se sont trouvés en présence d’une autorité morale comme celle de Pavillon. De là leur syndicat. Mais un lien plus fort que l’habileté d’un chanoine a été nécessaire pour grouper si longtemps le faisceau de leurs violences. Ce lien est dans les intérêts pécuniaires, plus puissans chez ces terriens avides que leurs pires instincts de débauche ; il est dans l’affaire Aosthène, qui nous montre sous son vrai jour ce recoin de notre pays au XVIIème siècle.